Monsieur 33 hectares !
François Miglio ne passe pas par quatre chemins et annonce vite la couleur : « Déjà, je ne fais pas de « rosés », mais des « vins rosés ». Et ils ne représentent qu’une très faible part de ma production » Pour un auditeur en possession de tous ses moyens, cette affirmation sonne comme un bon présage : un vigneron ne faisant pas de rosé dans une appellation qui s’y adonne avec une frénésie touchant à l’aliénation, ça promet ! Mais là n’est pas l’essentiel
Perle varoise.
François délivre sa bienveillance sur un domaine conséquent de 33 hectares, en biodynamie depuis plus de 10 ans, ramassé en une seule géante et stupéfiante parcelle ! Située sur le fond d’un ancien lac (où des traces d’occupations liguriennes puis romaines ont été retrouvées !), un vignoble entièrement repensé depuis les années 90 prospère avec la vigueur des enfants choyés : vieux grenaches en gobelets plein d’expérience voisinent avec les, rolle, syrah et clairette proprement alignés.
La biodynamie, sève du domaine.
Elle est au cœur de la vie du domaine pensé comme un organisme agricole au sein duquel l’impulsion de vie préside aux gestes concrets : pulvérisations, tailles, etc. Les préparations de silice et de bouse sont faites maison même si le maître des lieux a bien connu le regretté Pierre Masson. Le plus grand soin est donné au respect des rythmes, ainsi les jours feuilles, fleurs, racines ou fruits sont-ils savamment observés et soupesés avec toute intervention à la vigne comme au chai.
Et le chai, alors ?
C’est bien simple : la cave est une salle de travail où naissent des enfants, rouges pour la plupart, blancs parfois et rosés plus rarement ! François Miglio veut faire passer le message suivant « On peut faire de Grands vins sur ce terroir (argilo-calcaire assaisonné de schistes venus des premiers plissements alpins déjà proches) et ce dans un modèle économique viable avec des rendement à 50 hecto, le tout en biodynamie ! »
Dégustation …
François Miglio qui gère le domaine sans le posséder ne fait pas de vins à buvabilité précoce et « sur le fruit ». Maturités poussés, fermentations très lentes sur levures indigènes, élevages également longs forment des vins somptueux (et abordables !), titrant fort sans être alcooleux, des jus très fondus et droits comme des « I » bien que non collés, peu ou pas filtrés et très pauvres en sulfites, blancs et rosés compris. Le vigneron (titulaire du DNO quand même !) nous fait découvrir pratiquement toute sa gamme avec simplicité et générosité, en compagnie de quelques carrés de pissaladière. Nous ne commenterons qu’une cuvée ou deux, pour laisser aux curieux le plaisir unique de la belle découverte !
Gasqui Rouge, cuvée Grande Réserve 2007 Sur syrah-grenache en AOC Côtes de Provence.
Nez un peu sobre et presque sombre en ce jour venteux de dégustation (météo chaotique avec basses pressions), une impression vite oubliée à la dégustation : opulence, complexité, jus très en place et superbe ! Pas du tout un vin de soif ! Mais une magnifique preuve, s’il en fallait, de ce que les rouges varois peuvent aussi être : de grands vins… Pour s’en convaincre, il faut aussi découvrir la cuvée Point G du domaine, tout à fait stupéfiante. (Oui, oui, point G, vous avez bien lu)
Gasqui blanc, cuvée Silice 2014, sur rolle, clairette et sémillon
Un nez légèrement fermentaire et très gourmand, vin droit et complexe ne cherchant pas à feinter et allant droit au but, expression claire et pourtant pas simple, très persistant… Une vision très aboutie des blancs du Var qu’on a un peu oublié, hélas ! Superbe !
Ps Pour ceux qui s’intéresse à cette question, il faut aller dans la région de Correns toute proche, superbe et historique terroir à blancs.
Contacts
Château Gasqui. François Miglio, sur rendez-vous.
Adresse : Gasqui, 83590 Goaron
Téléphone : 06 03 31 06 00
Site : www.chateau-gasqui.fr
Crédits
Images : Stéphane Lagorce.
Texte. Stéphane Lagorce