Naturellement au naturel

La petite histoire

Votre serviteur découvre ce domaine en échangeant avec John Clemence, un des meilleurs connaisseurs du vignoble français. Je prends donc contact par téléphone pour proposer ma venue et un possible reportage. Patrick ne dit ni oui, ni non : « Mon exploitation est très petite, c’est familial… ». La rencontre se fait 1 mois plus tard, mi-juin 2017, par une après-midi écrasée de soleil, devant le salon de coiffure du petit village de Garéoult, un peu au Sud de Brignoles. S’en suit un échange de plus de presque quatre heures au cours duquel le reportage se mêle, peu à peu à l’entretien. Beaucoup de pudeur chez ce vigneron de 57 ans, une réserve masquant un caractère généreux et sincère. A l’image même de ses vins…

Le soin aux vignes et au sol, toujours…

Le soin aux vignes et au sol, toujours…

La tradition a du bon.

A l’époque, le grand père conduit l’exploitation dans l’ancien mode des cultures extensives, un peu de vigne ici, un peu de céréales là, et des pois-chiches aussi : « On en faisait beaucoup à l’époque par ici. La Provence était une terre pauvre, loin de l’image d’Epinal qu’on en a maintenant grâce ou à cause de la côte d’azur, si proche et si lointaine, en même temps ! » Le papa a continué puis le fils Patrick « fait des études » et passe un bts viti-œnologie. Puis c’est l’apprentissage du « vrai » métier : le jeune homme sera pendant presque 10 années assistant puis maitre de chai dans différentes coopératives de la région… Ainsi, il connait (et pratique !) toutes les techniques de vinification « classiques ». Puis en 97, il reprend le domaine familial, engage la conversion bio dans le même temps « Je voulais retrouver, finalement, le travail traditionnel qu’on faisait avant-guerre : pas de chimie, beaucoup de soin aux vignes… Avec tous les plaisirs et tous les risques que cela comporte »

La parcelle, au bout du chemin…

La parcelle, au bout du chemin…

Ni artifice, ni « bling » …

En 2000, c’est la création de la structure : chai, bureau de vente et depuis, ce sont presque 20 millésimes auxquels Patrick aura donné vie. Vendanges manuelles aux aurores pour entrer des raisins froids, vinifications au plus court pour laisser le terroir s’exprimer, Patrick croit en la simplicité même si rien n’est simple ! « Je n’aime ni les artifices, et moins encore le bling des vins thiolés que la mode a mis sur le devant de la scène » Pas d’unité foncière au domaine : plusieurs parcelles de tailles très diverses sur deux différents terroirs forment les 10 ha sur lesquels rolle, grenache, carignan et cinsault prospèrent. La gamme reprend un peu les fondamentaux de la région : une grande majorité de rosés, un blanc et un rouge. Avec en plus, clou du spectacle, 3 autres cuvées (rosé, blanc et rouge) sans souffre !

De l’avoine au milieu des vignes

De l’avoine au milieu des vignes

Résumons-nous : un vigneron très attachant d’une extrême discrétion qui a placé le savoir-faire avant le faire-savoir, produisant des vins superbes… Vous saurez où passer si vous descendez vers la grande bleue.

Vigneron et comptable. Mais surtout vigneron !

Vigneron et comptable. Mais surtout vigneron !

































Dégustation

Elle n’a pas eu lieu lors de mon passage car le temps a manqué. A noter qu’habituellement, elles se font au chai, dans une cave-garage basse de plafond en parpaings-bruts dont on peut affirmer que la simplicité et la rusticité sont les maîtres-mots : quelques bouteilles sur une étagère à côté d’un minuscule bureau couvert de paperasses et des cartons prêts pour l’expédition : amateurs de luxe, de caveaux stérilisés, passez votre chemin ! « Parfois certains clients sont déçus quand ils arrivent chez moi : ils s’attendent à un château planté au milieu des vignes et des oliviers… » Si en effet, il n’est point de château au milieu des vignes, les bouteilles, elles renferment des trésors bien plus passionnants.

Côteaux en Varois rouge 2016 sans sulfites ajoutées

Carignan et Syrah (90 %)

Si Patrick Mourlan est un garçon sur la réserve, ses vins parlent pour lui ! Découvrez ce rouge naturel superbe, aux saveurs parfaitement fondues, riche sans être sur la chaleur comme le sont tant de cuvées locales…L’élégance, l’équilibre, la force … tout y est, c’est la classe à Dallas ! Nous dégustons le millésime 2016 et mettons de côté 2 ou 3 bouteilles à revoir dans 4/5 ans…

Contact

La bastide des Oliviers

Patrick Mourlan

Rue Font de Clastre 83136 Garéoult

Tel : 06 80 30 63 10

Patrick.mourlan@wanadoo.fr





Le questionnaire de mout.

Le jour où vous avez décidé de faire ce métier ?

J’étais maître de chais depuis quelques années, et d’un coup, j’ai voulu tout faire : le vin, bien sûr, mais la vigne, aussi. Mais je ne sais plus quand exactement…

Votre premier souvenir professionnel ?

J’avais 21 ans, c’était ma première place en vinification dans la cave coopérative de Saint Julien de Montagné. C’était très isolé… Je me souviens de la vue, des odeurs…

Votre première joie professionnelle ?

Ma première récolte en 2000, mon premier vin, donc, mon premier bébé…

Qu’est-ce que c’est votre métier ?

C’est vivre sur un lieu, où les générations su succèdent, vivre en harmonie avec un terroir, perpétuer un savoir-faire.

Qui vous a le plus appris ?

Les rencontres… On apprend tant des autres…

Votre plus belle réussite ?

Mes cuvées sans souffre, ou j’exprime la pureté de mon terroir…

Votre regret ?

Ne pas avoir assez profité, à l’époque du savoir-faire du président de la coopérative où j’avais fait mes premières armes quand j’étais tout jeune.

Ce qui vous plait le plus ?

La polyvalence, la richesse de ce métier.

Ce qui vous sort par les yeux ?

La paperasse.

Et si c’était à refaire ?

Je recommencerai en allant voyager et vinifier à l’étranger et loin si possible : Afrique du Sud, Australie, Chili. Je suis aussi attaché à mon terroir que dans le regret de n’avoir pas vu assez de pays…

Stephane Lagorce